MAPIÈCE Un parcours entrepreneurial et un bel exemple pour la planète

En trois ans d’existence, sa start-up a sauvé 23 millions de repas de la poubelle.

Lucie Basch, la fondatrice de Too Good To Go publie un « guide anti-gaspi ».

Elle fait partie des gens qui ne font que ce qu’ils veulent, et la planète l’en remercie. A 27 ans, Lucie Basch a cofondé, en 2016, Too Good To Go, une start-up qui lutte contre le gaspillage alimentaire en permettant à des particuliers d’acheter des paniers surprises de produits invendus à petit prix. Son dernier fait d’armes ? Elle publie un livre, « Le Guide anti-gaspi » avec Rose Boursier-Wyler, responsable des affaires publiques chez Too Good To Go, et préfacé par Thierry Marx, qui abonde en conseils pratiques pour moins gaspiller au quotidien.

Bouger en même temps

Car l’entrepreneuse est sur tous les fronts : côté entreprise, sa start-up diminue le gaspillage des distributeurs alimentaires, en politique, elle s’est beaucoup impliquée dans le projet de loi économie circulaire porté par Brune Poirson et, avec ce guide, elle espère toucher les foyers. D’après Lucie Basch, « tous les acteurs doivent bouger en même temps » pour résoudre les défis environnementaux. Pas de défaitisme, elle est de ceux qui pensent « que le système est malade mais qu’il peut être soigné », et qui ont décidé de « toujours voir le verre à moitié plein ». Dans sa start-up, qui emploie 70 personnes en France et 500 dans le monde, la semaine commence ainsi tous les lundis par une bonne nouvelle, racontée par un employé.

Capitaine de l’équipe de volley

Le rêve de devenir une entrepreneuse à succès fortement médiatisée, Lucie Basch ne l’a jamais eu. Elle confie même détester se voir à l’écran. En revanche, la jeune femme a toujours eu l’étoffe d’un leader. « J’ai été déléguée de classe, capitaine de l’équipe de volley, c’était moi qui organisais les anniversaires surprises de mes copines, qui planifiais les activités des vacances de ma famille… », énumère-t-elle. « C’est une personne hyper investie, passionnée par ce qu’elle fait, qui veut avoir un vrai impact. C’est incroyable parce que ça se sent et ça lui a permis de créer une équipe également passionnée », décrit Camille Colbus, première salariée de Too Good To Go France et aujourd’hui directrice générale adjointe de la start-up.

Une équipe avec qui Lucie Basch passe aujourd’hui le plus clair de son temps avec une immense ambition. « Consciente de [son] manque d’expérience », elle a choisi de construire une entreprise libérée, sans hiérarchie verticale. Et pour cause : l’autorité par le titre, Lucie Basch ne la supporte pas. « Je n’ai jamais pu obéir aux ordres que je ne comprenais pas », sourit-elle. Enfant, elle était une excellente élève, mais son cahier de correspondance n’en était pas moins rempli de remontrances. « Je me souviens d’un jour où je suis sortie de la classe d’histoire-géo parce qu’il y avait une éclipse solaire et je me disais, il faut qu’on aille la voir ! » La rebelle suivra tout de même un parcours traditionnel : après une classe préparatoire, elle sort diplômée de Centrale Lille.

23 millions de repas sauvés

L’ingénieure tente ensuite une carrière conventionnelle en rejoignant un programme dédié aux futurs talents de Nestlé. Mais on ne cache jamais longtemps sa vraie nature : après un an et demi, elle quitte la multinationale et rejoint son copain à Oslo. C’est depuis la Norvège qu’elle créera Too Good To Go.

Aujourd’hui, elle voyage entre les 14 pays où l’entreprise est présente afin de s’assurer que sa start-up « a le plus de poids possible pour changer les choses ». A ce jour, elle revendique avoir sauvé 23 millions de repas ! La jeune femme tient en outre à préserver la culture de l’entreprise, celle « d’une bande de potes, qui n’a pas envie d’aller au ‘boulot’ tous les jours, mais de venir faire quelque chose qui lui plaît ». Comme de nombreux membres de sa génération, Lucie Basch essaie de composer avec ses contradictions : être à la tête d’une start-up « appuyée sur un modèle capitalistique avec des objectifs de croissance énormes, alors que la croissance a mené le monde là où il est aujourd’hui », ou encore se battre pour réduire son impact négatif sur l’environnement et prendre beaucoup l’avion pour le travail… mais qui pourrait lui jeter la pierre ?